Histoire de l'album "Lequel de nous"

Une gestation artistique recèle toujours beaucoup de mystères. Certains se sont interrogés sur les six années qui auront été nécessaires pour proposer cet album. Surtout lorsqu’il s’agit d’un artiste dont les multiples talents et succès font souvent la une des médias.

Mais en découvrant ce septième album, on comprend soudain la belle et difficile tâche que Patrick Bruel s’est donnée.

Comment suggérer par une mélodie les questions qui traversent et bouleversent notre société ? Comment raconter autrement qu’avec cette peur qui divise tant, tous les événements qui ont rempli le monde en ce début de siècle ? Avec ces révolutions culturelles et technologiques, et ces crises aussi sociétales qu’individuelles ?
Et dans tout cela, comment continuer à chanter ces romances qui rythment les battements de nos coeurs ? Fredonner les fulgurances de la joie ? Et ces rencontres qui nous poursuivent toute une vie ?
Il y a une audace, une force et une sensibilité dans ces douze nouvelles chansons qui replacent avec évidence Patrick Bruel au cœur de la scène musicale.

Cet album dense, aussi bien par ses textes que par ses musiques, ne sonne absolument pas comme un hasard, mais comme une profession de foi du chanteur populaire. Avec cette lucidité et cet engagement qu’on lui connaît, il saisit simplement les mots qu’une époque cherche si difficilement à formuler. En préambule à cet album, on aurait presque attendu ces phrases d’un discours célèbre d’Albert Camus: « Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. »

Et même si les circonstances ont changées, on retrouve aussi le Bruel des débuts, fidèle à lui-même. Ouvrir ce septième album par un écho à la célèbre « Place des Grands Hommes », vingt ans plus tard, est le défi qu’il relève pour embarquer sa bande de potes encore une fois à l’aventure, même dans la douleur qu’on éprouve dans « Ces moments-là ».